Radio Vinci Park
Les lumières clignotent et se rallument pour laisser à nouveau apparaître le motard fantôme au cœur de l’obscurité du parking. Restée jusqu’alors stoïque face aux avances dansées d’un étrange travesti aux allures de faune blanc, la bête mécanique s’éveille dans un crissement de pneu qui déchire le bitume et l’inquiétante musique baroque du clavecin. Le faune et le cavalier noir entreprennent un ballet au sein duquel s’oppose la préciosité classique d’un corps, à la rudesse de la machine. Lieu culte et parfois central au cinéma, le parking est le théâtre de fameuses scènes, allant du règlement de comptes aux témoignages amoureux, en passant souvent par des accrochages, au sens propre comme au figuré. Le parking s’exploite aisément comme toile de fond propice à accueillir des notions réductibles en termes de haine et d’amour. Aussi, ces deux émotions sont en certains cas mêlées l’une à l’autre, sans que l’on puisse vraiment les distinguer, comme lorsque le personnage de Maxime kidnappe littéralement sa belle dans un déferlement de désespoir dans Tonnerre (Guillaume Brac). Les deux personnages mis en scène pour la performance Radio Vinci Park de Théo Mercier et François Chaignaud jouent avec ivresse sur la corde d’entrelacs fiévreux. Et pour ce duel, il est impossible de déterminer s’il s’agit d’un combat où d’un jeu de séduction entre ce faune (incarné par François Chaignaud) et ce sombre cavalier. Mais peut-être est-ce parce que le parking en lui-même est justement un lieu ambigu, un lieu où domine une tension définitive, malgré les efforts de ses instigateurs pour le rendre plus charmant.
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