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Un art du crash : le Big Bangers

 

Pratiqué dans le nord de la France, en Belgique et au Royaume-Unis, le Big Bangers est une pratique qui consiste à réaliser le plus beau crash de voiture. 

Tout en offrant à la vue le plaisir d’observer les plus belles carcasses de voitures, aussi nommées par la communauté “auto-sculpture“, le concours européen de Big Bangers réunit chaque année les teams afin de mêler courses automobiles sur circuit et accidents. C’est dans une approche quasi-sociologique que David De Beyter réalise depuis deux ans son projet “Big Bangers”. En usant du film et de la photographie pour leurs facultés documentaires, De Beyter archive les restes des épaves et en récupère des restes, comme un capot de jaguar sur lequel on peut y lire : “Not for a trophy but a good crash“.

Compressées, dépecées, cruellement placées comme des trophées, les voitures photographiées par De Beyter témoignent de la violence d’un évènement passé, même depuis peu. Les photographies offrent ainsi une nouvelle lecture et souligne l’attirance que porte la société industrielle à détruire ses propres créations.

De Beyter croise aussi les données temporelles afin de mettre en avant l’obsolescence des objets. Il récupère par exemple un film 16 mm pour réaliser des vidéos documentaires sur ces courses, elles-mêmes récupérant parfois des voitures datant des années 1970.

De Beyter peut s’inscrire dans une tendance plus générale marquée par son goût pour la ruine. Comme si le retour au documentaire et à la photographie de paysage imposait irrémédiablement la trace du passé. Dans deux de ses articles publiés dans Vacarmes (n° 60 et n°70), Diane Scott analysait cette sensibilité envers la ruine, qu’elle qualifie de “ruinomania”.

©ArtSphalte