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Qu’il s’agisse de motards (The Bikeriders, 1968), de prisonniers du Texas (Conversations with the death, 1971), de militants pour les droits civiques (Memories of the Southern Civil Rights Movement, 1992) ou d’Indiens (Indian nations, 2002), les sujets du photographe Danny Lyon demeurent les outsiders de la norme sociétale américaine.

Tournant des années 1950, la moto est escortée par l’avènement du rock’n’roll aux sons de plus en plus rugueux, pour devenir symbole de liberté et de protestation. Les rugissements des moteurs ne sont toutefois pas les seuls à perturber le calme des villes et dans les années 1960, les cuirs noirs désormais rependus dérangent le citoyen bien élevé. La figure du motard devient un phénomène et est récupérée par Hunter S. Thompson pour son livre Hell’s Angel puis plus tard, par Dennis Hooper pour Easy Rider. Visages crasseux aux sourires édentés ou coiffés de la mythique banane laquée, tous les riders ornent leurs bras de tatouages et leurs vêtements de breloques tape-à-l’œil. Quant aux gangs ou clubs, ils rivalisent de bon goût pour trouver leurs écussons toujours plus agressifs.

motard

Danny Lyon interpelle donc ses compagnons de promo lorsqu’encore étudiant à l’université (1963), il décide de plonger dans le quotidien des Outlaws de Chicago [littéralement « Hors-la-loi »] pour plusieurs années, afin d’éditer son propre livre de photographies dans le courant du Nouveau journalisme. Il raconte la réaction des autres étudiants à l’égard de son projet d’immersion au sein du gang de motards, lesquels sont perçus comme peu éduqués et finalement peu fréquentables pour la bonne société. Mais Danny Lyon ne partage pas cette vision et part quand même avec son Leica et son magnétophone. Pour lui, la simplicité et la sincérité des Outlaws valent plus que ce type de préjugés. Danny Lyon explique :

« Je me souviens qu’à l’époque, j’étais allé au Max’s Kansas City de New York, un club à la mode où trainaient Warhol et les artistes. J’avais sorti mon Leica pour prendre une photo et un type s’est tourné vers moi en disant : “vous avez un avocat  ?!” Les motards n’auraient jamais fait un truc pareil ! »

Ses nouveaux copains peuplent ainsi ses images et textes, rassemblés dans le livre The Bikeriders, paru en 1968, lesquels sont armés de zippos, cigarettes et têtes de mort. Ironie du sort, la série connaît un vif retentissement et participe à démocratiser la figure du motard, deux ans après le bien moins sympathique pré gonzo de S. Thompson sur les Hell’s angels. Danny Lyon est invité à rejoindre l’agence Magnum et Bikeriders trace la ligne de conduite pour ses sujets futurs. Ainsi attachés à documenter l’Amérique des exclus, il photographiera par exemple une prison du Texas pendant 14 mois pour Conversations with the death (1971).

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